23 juillet 2019
Je dois la vie à un manteau
Il y a quelques années, j’ai démarré une entreprise appelée Creighton Docks and Boat Lifts Ltd. : je fabrique des plateformes et des quais pour les gens de la région. Un matin où je mettais de l’ordre dans mon atelier isolé, je coupais des madriers de cèdre de 5 cm sur 10 cm pour en faire des longerons de soutien de 5 cm sur 5 cm à l’aide de mon banc de scie.
La scie s’est enrayée tandis que je poussais un madrier vers l’avant. Quand je me suis approché pour la débloquer, la lame a subitement propulsé le morceau de bois directement dans mon abdomen. J’ai été projeté au sol, le souffle coupé. J’ai passé les mains sous mon manteau pour vérifier que tout allait bien, mais elles en sont ressorties couvertes de sang. Je me sentais comme si j’avais été empalé, convaincu que j’allais bientôt y passer.
Affalé au sol, je me suis demandé comment j’allais faire en sorte qu’on me trouve. J’ai réussi à rassembler la force nécessaire pour ramper sur un peu moins d’une vingtaine de mètres, jusqu’à l’extérieur de l’atelier, dans l’espoir que quelqu’un me voie. Il ne me restait plus qu’à me croiser les doigts. Au bout d’un certain temps, j’ai constaté que j’étais toujours en vie.
J’ai fini par tituber jusqu’au pas de la porte de ma maison, où ma femme s’est précipitée dès qu’elle m’a aperçue. Elle a jeté un coup d’œil à mes blessures, constatant que l’abdomen semblait avoir été perforé et qu’il y avait beaucoup de sang. Elle m’a emmené à l’hôpital sur-le-champ.
Immédiatement, j’ai été examiné par une infirmière, qui est restée bouche bée devant ma mésaventure, puis on m’a envoyé passer une tomodensitométrie de toute urgence, pour vérifier que mon foie était intact. Je n’avais jamais été traité aussi rapidement à la salle d’urgence! Le médecin qui m’a soigné m’a dit que j’y serais resté si je n’avais pas porté mon blouson ce jour-là, car le madrier m’aurait complètement traversé le corps. Je n’oublierai jamais ses paroles. En fin de compte, j’ai souffert d’un grave hématome qui s’est répandu jusqu’à l’arrière de mon abdomen, mais mon foie n’a pas subi de dommages. J’ai jeté un coup d’œil à mon manteau quelques jours plus tard, et je n’en croyais pas mes yeux : c’est à peine si on pouvait y déceler une trace de l’incident, qui m’a pourtant laissé une cicatrice en forme de L de 5 cm sur 10 cm!
Je repense à ce jour fatidique chaque fois que j’enfile mon manteau porte-bonheur, et je le remercie de m’avoir sauvé la vie.